Certains jours sont plus chanceux que d'autres
et c'est ainsi que, préparant une page musicale pour ce site,
j'ai eu la chance de trouver ce disque-ci et de pouvoir l'acquérir.
ll ne s'agissait pas simplement pour moi de répondre aux séductions
du beau suranné, du délicieux désuet, mais de faire vivre dans
mon oreille, comme si je la collais à un vieux coquillage, un
monde, celui de Barrie, mis en musique par Norman
O'Neill ou bien par Sir
William Walton. Le premier, directeur musical du London's
Haymarket Theatre dès 1909, eut l'heur d'habiller de sons délicats
et mystérieux la pièce de Barrie, Mary
Rose, mais aussi L'oiseau
bleu de Maeterlinck - et la filiation entre ces deux
poètes a déjà été mise en exergue ici. Le second prêta son talent
au Boy David de Barrie
- une des oeuvres de Barrie que j'aime le moins, je dois le
confesser. Puisque les Hébrides sont assez proches de moi, désormais,
et que l'île de Mary Rose s'y situe, je vous propose d'entendre
l'appel
de cet île "qui aime [tant] être visitée" qu'elle ne
laisse pas toujours repartir ceux qui y posent le pied... Et,
moi, est-ce qu'elle me fera prisonnière? Je ne suis pourtant
plus une toute jeune fille...
Je ne suis pas étonnée que Hitchcock ait été à ce point envoûté
par l'histoire de Barrie. Instinctivement, il a perçu tout ce
qu'elle recèle de danger, de perversion et d'étrange.
Harry : Il me semble que vous craigniez d'être un fantôme. J'ose
dire qu'être un fantôme est pire que de les voir.
Mary Rose : Oui.
H. : Est-ce que cela rend solitaire d'être un fantôme ?