Le monde de James Matthew Barrie


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Voyage à Inverness - juillet 2009

1. Préambule

{Robert Demachy, Mignon, 1900}

Parfois, il existe des êtres reliés à leur enfance par une sorte de cordon ombilical imperceptible à la plupart des regards ; une espèce de lien de laine les traverse de part en part, reliant chaque fragment de leur être et se constituant soudain - quand on perd le fil de son déroulement - en un écheveau de veines et d’artères poreuses, qui tremperait d’un côté dans le lait de la mémoire et qui s’égoutterait de l’autre dans l’être adulte, le nourrissant en permanence de ce nectar interdit dans l’univers d’efficience scientifique, de rationalité philosophique, ou de sens banalement commun, pourvu de l’utile, du nécessaire, du vital ou prosaïque. Il y a donc ceux qui boivent le nectar et ceux qui s’enivrent de Léthé. Il y a les dieux et les hommes et ce n’est pas qu’une hiérarchie ou une image mythologique. Entre les deux races ou strates supérieures du monde, il existe des hybrides, ceux qui doivent fabriquer leur nectar avec l’alambic de leur imaginaire, les artistes et, très spécialement, les écrivains. Le Léthé est le contrepoison des hommes ordinaires ; le nectar est le filtre d’amour que l’artiste absorbe pour se convaincre d’aimer ce qui est. Il lui permet d’enchanter le prosaïque et d’en tirer à lui un charme qu’il ne fait peut-être qu’inventer.

Il faut trouver en nous où est logée la balle en or tiré par le revolver du Temps.
Cet agrégat de métal est le noyau d’enfance, qui a partie liée avec l’inconscient en nous, qui ce qui permet la dualité affirmée chez certains être littéraires, le pivot qui articule le latent au manifeste, le rêve au réel. Enfance n’est pas la compilation des événements que l’on raconte à ses petits-enfants ou à ses enfants. Enfance n’est pas une durée que l’on peut émietter en faits. Enfance est un secret, celui de la conscience qui naît, qui se surprend en train d’être et qui se regarde penser. Acteur et spectateur de l’action. Le rosebud de Welles, dans son Citizen Kane, est le symbole ou la métaphore du noyau d’enfance. Métaphore qui bouge et court prendre place et rôle dans le film de Truffaut, Les quatre cents coups, lorsque l’enfant-héros, avec son ami, vole une affiche du film d’Orson Welles…
Nous brisons très vite les vitres du royaume de l’enfance. Nous caressions le monde, nous jouions avec son idée ; désormais, le corps nous appelle à la maturation et nous maltraitons le petit royaume que nous habitions, qui nous abritait et que nous voulons habiter et posséder, essayant de lui imprimer par la force notre empreinte. La gratuité n’est plus de mise. On fait payer à l’univers sa venue au monde. On veut du sens !

[suite ici]

 

2. Le voyage au coeur : Bonnie Scotland

Inverness

Quelques miettes, des images picorées ici et là, qui demeureront en moi, y prendront racine et feront éclore quelques arbres-livres, des histoires-oiseaux qui s'envoleront un jour...
Loin d'être le plus beau loch d'Écosse, le loch Ness n'a pas provoqué en moi d'émotions notables. J'ai contemplé dans les Lowlands des lochs plus vivants, aux couleurs dansantes ; celui-ci est long, étale, paresseux ; nous en avons simplement épousé les contours pour nous rendre à Eilean Donan Castle...
Non, je ne n'ai pas été piégée par les attrape-nigauds, qui font pounds et pence de tout morceau de la bête. Non, j'ai vraiment rencontré Nessie ! La preuve !

[Cliquez sur les photographies pour les voir en grand format.]


 

Je poursuis la route des Jacobites. Culloden est proche. {Je vous recommande, à cet égard, l'inoubliable film de Peter Watkins.}



Eilean Donan Castle

J'ai parcouru cette petite portion de l'Écosse avec Michael Jackson au creux de l'oreille, bercée ou provoquée par les titres gravés dans le coffret The Ultimate Collection.

 

Je voulais associer la découverte du Château de mes rêves (au moins à égalité avec Neuschwanstein) avec la voix de Michael, afin de créer en moi un lien d'éternité entre une image et un son, phénomène que j'avais expérimenté l'année dernière en Bavière, lors d'un moment parfait. Une sorte de tatouage psychique. J'ai choisi la magnifique chanson intitulée "Fall Again" pour m'accompagner dans cette rencontre... Je ne vous demande pas de comprendre mes associations d'idées, les liens que mon esprit sécrète entre les divers éléments de l'univers. Pourtant, ils sont la clef pour comprendre qui je suis...

 

Eilean Donan Castle, LE château de tous mes songes, depuis des années, enfin réel.







Et finalement, j'ose le nommer...



J'aime caresser les pierres et poser mon oreille dessus pour entendre leurs secrets.


La visite de ce château m'a ravie. Si j'ai le temps de vous la conter, ainsi que son histoire, je le ferai.

 

 

Inverness Castle

Lors de notre séjour à Inverness, nous avons hanté le Rocpool, un endroit de grand confort - je regrette le bar et les cocktails qui y étaient préparés... - où nous avions une belle chambre. La ville n'offrit que peu d'intérêt pour nous. Seule sa situation géographique nous décida à nous y installer. Ceci et la présence d'un mémorial à la mémoire de Flora MacDonald que je voulais contempler, à défaut, cette fois-ci encore, de me rendre sur sa tombe à Kilmuir, sur l'île de Skye - visite remise à notre prochain séjour en Écosse.
Flora Macdonald est la jeune femme que rencontra Bonnie Prince Charlie, aux îles Hébrides, où il avait trouvé refuge après la terrible bataille de Culloden, et où elle était en visite. Elle l’aida à s’enfuir, d’abord à l’île de Skye, afin qu’il rejoignît d’ici la France. Il se déguisa et prit les habits de sa femme de chambre irlandaise répondant au nom de Betty Bourke. C’est l’une des figures les plus légendaires et romantiques de l’histoire d’Écosse. Une chanson immortalise son dévouement et sa loyauté, Skye Boat Song, écrite en 1884, par Sir Harold Boulton.

 

Voici donc Flora MacDonald, l'héroïne barrienne, par excellence, dont une statue est érigée dans la cour du Château d'Inverness !



(Je dédie ces photos à mon Amie Sophie, l'Élue, et à Robert le magnifique, aux côtés de qui nous avons fait, à Londres, une très émouvante découverte qui concerne mon bien-aimé J.M. Barrie.)

Flora fut dénoncée, puis emprisonnée à la Tour de Londres, avant de recouvrer sa liberté. Elle finira sa vie à Skye, après d’autres péripéties relatées dans Life of Flora Macdonald d’Alexander MacGregor (1882).

J. M. Barrie s’inspira de cette histoire pour écrire un conte, mais son imagination n’a rien d’historique et est entièrement dévouée à la légende. On ne le lui reprochera pas. Vraisemblablement, Flora n’était pas éprise du Prince et, évidemment, tout ne fut pas aussi délicieusement romanesque. Mais l'imagination de Barrie est un creuset d'or.

On peut lire avec profit, comme toujours, ce qu’écrit à son sujet James Boswell, le biographe du Docteur Samuel Johnson The Journal of a Tour to the Hebrides, with Samuel Johnson (1785). Johnson dormit dans le lit sur lequel reposa le Prince Charles Stuart et Boswell de relater ce qui suit. « Il [Johnson] parla du Prince Charles et demanda à Mrs Macdonald: “ QUI était avec lui ? On nous a dit, en Angleterre, Madame, qu’une Miss Flora Macdonald était à ses côtés ” Elle répondit: “Ils avaient raison.” (…) »

Le songe n'est point encore brisé et n'a pas révélé sa dernière goutte mauve...

 

Culloden





Je regrette de n'avoir point été vêtue de blanc et de bleu (au moins, un bonnet bleu agrémenté d'une cocarde blanche, qui sont l'emblème du mélancolique Bonnie Prince Charlie) pour me rendre dans ce lieu de pèlerinage très émouvant. Qui ne connaît pas bien l'histoire de l'Écosse et, en particulier, cette époque, ne peut saisir certains détails, parfois subtiles, des livres de J.M. Barrie. Ce n'est pas un hasard, par exemple, si le bleu et le blanc sont des couleurs récurrentes dans son oeuvre...

 

 


Cette visite a été particulièrement éprouvante pour moi. Pourtant, je ne crois pas avoir de sang écossais. Mais qui sait ? On peut croire ce que l'on veut quand on ne sait pas d'où l'on vient. De coeur et d'esprit, cependant, je me sens une vieille écossaise.
Mes valises rendent l'âme : elles sont alourdies par des livres historiques, comme ce mignon et fort utile guide destiné à qui veut mettre ses pas dans ceux de Flora MacDonald - à laquelle je ne me serais jamais intéressée sans certaine histoire de J.M. Barrie... Quelle femme !

À SUIVRE...

~Part I : À Londres, sur les traces de

J.M.B.
~

~Part II : L'Écosse ~

~Part III : Black Lake ~

~Part IV : Édimbourg et Les

Hébrides ext. (Part I - Part II) ~


~Part V : Les Hébrides int. (voyage

en devenir) ~

~Part VI : Stanway (voyage en

devenir) ~