J.M. Barrie et Conan Doyle étaient tous les deux écossais, ils étaient issus de l'université d'Édimbourg et aimaient le cricket. Doyle jouait dans l'équipe de Barrie, les Allahakbarries. Ce nom étrange avait pour origine le nom de Barrie, bien sûr, et la phrase arabe qui signifie "Que Dieu nous vienne en aide."
Doyle disait de son ami Barrie (qui mesurait environ 1,60 m) : "Rien n'est petit en lui, sauf son corps".
En 1892, Barrie est malade, au bord de la dépression et n'arrive pas à achever d'écrire le livret d'une opérette, qui lui a été commandée. Cet opérette s'appelle Jane Annie ou The Good Conduct Prize. Doyle va l'aider à terminer ce livret. Cf. le résultat à cet endroit.
Barrie avait déjà écrit le premier acte et Doyle de dire ceci : "Les idées et l'esprit étaient présents en abondance, mais l'intrigue en elle-même n'était pas solide, bien que les dialogues et les situations fussent excellents. J'ai fait de mon mieux et j'ai écrit les paroles pour le second acte, et la plupart des dialogues, mais je devais me soumettre à la forme qui avait été donnée initialement."
Cette opérette fut un cuisant échec. Les critiques la détestèrent et George Bernard Shaw, qui n'avait pas la plume dans sa poche, écrivit ceci : "La plus dévergongée de toutes les pitreries que deux citoyens responsables d'eux-mêmes puissent, selon toute vraisemblance, imposer au public."
Les deux hommes ne se laissèrent pas abattre pour autant et Barrie utilisa la trame de cette oeuvre pour écrire une parodie de Sherlock Holmes, intitulée The Adventure of the Two Collaborators. Dans cette histoire, deux hommes rendent visite à Sherlock Holmes et Watson. Leur problème étant le suivant : ils ne parviennent pas à comprendre pourquoi les gens ne viennent pas applaudir l'opérette qu'ils viennent d'écrire !!!
L'amitié qui les unissait fut sans faille. Leur seul sujet de désaccord fut les croyances occultes auxquelles adhérait Doyle et dont Barrie ne voulait pas entendre parler – ce qui prouvera, si besoin était, que Barrie était un réaliste pur et dur, et certainement pas l'homme farfelu que l'on s'imagine.
Doyle est mort sept ans avant Barrie, en 1930, et ce dernier dit
de lui : "J'ai toujours pensé qu'il était l'un
des meilleurs hommes que j'aie connu ; il ne pouvait y en avoir
de plus droit et honorable que lui." |