Le monde de James Matthew Barrie


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Thrums est le nom fictif que Barrie donna à son lieu de naissance, Kirriemuir.

Thrums, en langage de tisserands, en anglais, désigne les fils de départ, que l'on laisse sur le métier à tisser, lorsque la pièce est entièrement conçue et retirée.

Cf. cette page afin de visiter le pays de Barrie en vidéos.

"Mais à présent que nous pouvions avoir des servantes, je reculais devant l’idée. Ce ne serait plus la même maison ; nous serions obligés de porter un masque : je m’imaginais parlant anglais toute la journée. Vous ne connaissez que la coquille d’un Écossais tant que vous n’êtes pas entré dans son cercle intime ; à son bureau, dans les clubs, dans les réunions mondaines où vous semblez si bien vous entendre, il n’est en réalité qu’une maison aux volets clos et à la porte verrouillée. Non qu’il soit opaque de manière délibérée ; souvent, c’est contre sa volonté – et certes contre la mienne : j’ai beau essayer de laisser mes volets ouverts et mon pied au travers de la porte, ils claquent malgré moi. En bien des façons, ma mère était aussi secrète que moi – mais alors que ses manières étaient gracieuses les miennes étaient rugueuses (en vain, hélas ! me suis-je sincèrement appliqué à les polir) et ma sœur était la plus réservée de nous tous. Si, à l’occasion, on pouvait entrevoir un peu de lumière par l’une de mes fentes ; ma sœur, elle, avait des doubles volets. Or une loi de la nature semble ordonner que nous révélions notre véritable personne à quelque moment ; comme c’est dans son foyer que l’Écossais se soumet à cette injonction et qu’il doit rassembler en une heure les sentiments réprimés au cours d'une journée entière, il ne peut faire autrement que de se révéler pleinement auprès des siens ; c’est pourquoi les membres d'une famille écossaise se connaissent probablement de façon plus intime que n'importe quelle autre famille au monde et sont plus ignorants aussi de ce qu’est la vie extérieure à leur cercle. Connaissance et compassion vont main dans la main ; aussi l'affection qui lie les membres d'une même famille est d'une intensité confinant à la douleur ; ce n'est pas qu'ils ont plus à donner que leurs prochains, mais ce qu’ils possèdent ils le réservent à un petit nombre au lieu de le distribuer largement ; ils ont la réputation d'être avares, mais lorsqu'il s'agit de l’amour familial, du moins, ils paient en or. C'est là, je crois, qu'il faut trouver la véritable raison pour laquelle la littérature écossaise, bien avant Burns, tire si souvent son inspiration du foyer domestique et pourquoi elle traite de ce thème avec une intelligence si passionnée.
Fallait-il qu’une femme s’introduisît dans notre maison et découvrît que ma réputation de bonnet de nuit était usurpée ? Devais-je enfin être vu tel que j’étais sous mon masque d'austérité ? Lorsque je m'exprime en public, on remarque à peine ma voix tant elle est basse et inexpressive : les premiers sons émis ne font que signaler que je suis sur le point de parler (comme la vibration d'une pendule annonce qu'elle va sonner) : fallait-il révéler que j’avais une tout autre voix, qu’il y avait une autre porte que je n’ai jamais ouverte sans laisser ma réserve sur le seuil ? "

Margaret Ogilvy, extrait du chapitre VIII, notre traduction. Reproduction interdite.

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