Les
"Fairy Notes" de J. M. Barrie
Il existe au moins une douzaine de versions différentes
de la pièce Peter Pan, qui furent toutes écrites
par J.M. Barrie entre 1903 et 1928, de même qu’il
existe plusieurs ébauches du roman publié en 1911
et du scénario du film muet de 1921. Nous avons sélectionné
certaines des notes de Barrie pour les porter à la connaissance
du public français.
***
« Ou Peter prend la place d’un enfant
dans les bras d’une mère endormie pour ce voir ce
que cela fait (il aime un peu.) »
S’approprier les souvenirs et la vie des autres.
« Peter essaie les vêtements des enfants… »
« Peter est un lutin qui est craint de toutes les mères
car il éloigne d’elles les enfants. » Comme
le joueur de flûte de Hamelin ?
« Peter est contre les parents car ils vous obligent à
penser. »
« Le plaisir est la seule chose que Peter désire.
»
« Les gens timides sont toujours en prison. »
Ils sont trop conscients de ce qu’ils font.
« Les Émules de Cupidon apprennent à la petite
fille à voler. »
« Preuve de l’innocence des enfants et de leur détachement
: ils jouent dans des endroits macabres (dans l’ombre de
l’échafaud). »
« L’ombre de Peter se projette avant que Peter n’apparaisse.
Le chien la voit et cherche en vain l’original. Que penser
de ceci ? Manger, couper l’ombre ? Les parents examinent
l’ombre qui reste. Ils voient que c’était celle
de leur fils. Ils la gardent comme s’il s’agissait
d’une photo. Peter tire dessus et doit la laisser comme
une cape. »
« Mariage des enfants. Peter y assisterait en noir (à
la fin de la procession). »
« Danser aux funérailles d’un enfant pourrait
être le symptôme d’un esprit impie mais un beau
et raffiné deuil… (le glas qui sonne). »
« La pièce pourrait être fondée sur
l’idée de la mère-fantôme dans Le
Petit oiseau blanc. Elle vient de nuit et regarde ses enfants.
Examine leurs vêtements, coud, met en ordre, sauve du feu.
Les enfants le savent mais savent aussi qu’ils doivent faire
semblant de ne pas voir. Le public adulte sait qu’elle est
morte, les plus jeunes pensent qu’elle est prisonnière
quelque part. »
Amnésie infantile et croyance au Père Noël
par exemple. Les belles choses se font dans l’ombre. On
est touché par la grâce une seule fois, quand on
ne sait pas.
« Si tel est le cas, le vieil homme est son fils. Ils parlent.
A la fin, il lui dit qu’il va partir avec elle. Quand il
devient évident qu’elle est partie, il demeure assis,
mort. »
« Elle dit que les ombres attendent pour accompagner son
esprit quand il s’envolera. Quand il sera mort, elles partiront
et elle aussi. »
« Les ombres convoient son âme au Créateur.
»
« Le chemin vers le féerique : deuxième à
gauche. »
Raconter des histoires ou mourir. Peter
extorque des histoires.
« Les filles souffrent du manque de leur
ombre. Les ombres aussi souffrent, rapetissent… »
« Supposer que vous puissiez blesser Peter en faisant du
mal à son ombre, etc. Comme dans le conte de fées
indien. »
« De même, dans la dernière scène (nursery),
l’ombre est aperçue toute tremblante, donc l’original
souffre quelque part. »
« Peut-être que le démon de Peter vient faire
peur aux autres en leur parlant de grandir, spécialement
aux plus jeunes. Il leur met un réveil sur eux pour aller
plus vite et leur montre ce que cela fait de grandir. Ils sont
horrifiés, alors il retarde le réveil pour les rajeunir
et, finalement, s’enfuit avec eux. »
« A la fin, désarroi de la mère. Dort dans
son lit. Peter vient se moquer d’elle. Peu à peu,
il est attendri par son chagrin. Il décide de lui ramener
les enfants. Ils arrivent, un par un, et se glissent à
pas de loup près de la mère endormie. Son émerveillement
quand elle se réveille. Grand sacrifice pour Peter parce
qu’il est très seul maintenant. La mère aimerait
le garder, mais il s’enfuit par les airs. »
« Peter dit aux enfants que Cendrillon est devenue ennuyeuse
et ordinaire. Il ne sait pas qu’elle est un conte. Etc.
»
« Les pères sont assez bons, mais les mères
sont importantes. »
« Personnage. Un homme qui est obsédé par
les tripes. Il vit dans la terreur que quelqu’un lui dise
un jour de quoi il est fait. »
« Si Peter est un diable de petit garçon, il finit
par convaincre la mère à la fin. »
« Supposons que la mère réalise peu à
peu que Peter est son garçon. Elle avait tout oublié
à son sujet. Tout lui revient maintenant. Belle Mère.
»
« Supposons qu’après la fuite, elle se souvienne
qu’elle a eu un garçon et qu’elle a mis les
barreaux aux fenêtres quand il s’est échappé.
Ceci est sa punition, elle le voit (dans le dernier acte). Alors,
quand Peter vient, elle sait qu’il est ce garçon,
elle le câline, etc. Il aime cela mais à la fin il
s’enfuit par les airs. »
« Les Belles Mères dans le dernier acte rappellent
au souvenir du père la perte de Peter. »
« Peter admoneste fortement sa mère au sujet de ce
dont il se souvient. Elle aurait dû laisser la fenêtre
ouverte, etc. Elle tremble de peur devant lui. »
« Peut-être ne s’agit-il pas de la mère
de Peter mais de sa sœur… »
« Vieux petits garçons en échange de nouveaux.
Le colporteur essaie d’obtenir ces enfants. La mère
est indignée, le père (supérieur) quant à
son manque de raison : on peut jeter un œil sur eux, etc.
Ils ne sont pas échangés. Déconfiture du
colporteur. Évidemment, il a un plan pour s’emparer
des enfants. »
« Peter laisse les enfants dans les bois mourir, il jubile,
et s’en va (pour le dire à la mère). »
« Peut-être que si Peter était fait humain,
il devrait devenir la personne qui correspond à son âge.
Les réveils avancent à toute vitesse (et ils sonnent
aux anniversaires). On le voit changer, devenir un vieil homme.
Tragique. Il peut redevenir jeune ou bien accepter et, alors,
se comporter comme les vieilles personnes. »
« S’il accepte, sa femme entre dans la lumière.
Ils peuvent se marier. Un bébé est introduit.»
Cette note rappelle étrangement la pièce
dansée, La vérité
au sujet des danseurs russes.
« L’horreur de grandir est la racine de l’idée
de Peter Pan. »
« Ils perdent leur pouvoir de voler s’ils retournent
chez leurs parents. »
« Peter et le Capitaine des Pirates : l’un appartient
à la "fière et présomptueuse jeunesse"
et l’autre est "noir et sinistre". »
« Les vingt mères pourraient être aussi des
pirates. »
« Peter, de noir vêtu est l’inflexible figure
du Destin. Après son succès, il est ivre de lui-même,
Pepper’s Ghost*. »
*Technique dite du « fantôme gris
».
Traduction C.-A. Faivre, ne pas reproduire.
Cf. ces deux autres pages :
La
vie secrète de Hook
La
ballade des enfants morts
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