A la croisée
des deux Peter Pan, celui du Petit
oiseau blanc et de celui de la pièce (et du roman)...
***
Hook : "Je
suis un maître d'école pour me venger des garçons.
Je les attrape comme ceci, avec mon crochet ! Puis, je les maintiens
comme ça ! Quand on a su quel ingénieux crochet
j'avais là, tous les pères de cette bonne vieille
Angleterre ont réclamé à cor et à
cri mes services."
"Savez-vous pourquoi les hirondelles font leur nid dans les
auvents ? Pour écouter des histoires."
[Ne pas oublier que les hirondelles sont les enfants morts dans
la "mythologie" de Barrie.]
"Qui était Peter Pan ? Personne ne le sait vraiment.
Peut-être était-il simplement l'enfant de quelqu'un
qui n'était jamais né."
[Citation très troublante. Elle m'a amenée à
certaines réflexions que j'espère partager avec
vous bientôt. Cette photographie que vous pouvez agrandir
est à apporter au crédit d'Andrew
Birkin. Barrie voyait en ces deux bornes qui indiquent le
croisement de deux paroisses des tombes. La fin des chapitres
consacrés à Peter Pan, dans
Le petit oiseau blanc évoque ces monuments
! Personne ne sait exactement à quoi correspondent les
inscriptions. Si jamais vous le devinez, je vous offre une surprise
! On les aperçoit dans le téléfilm adapté
de l'oeuvre d'Andrew.]
Je
les ai moi-même trouvées dans les Jardins de Kensington.
"La
dernière scène montre le bras de Hook qui repose
dans l'herbe. Dans le trou creusé par son crochet,
un petit oiseau a fait son nid. Il est rempli d'oeufs."
[Derrière cette vision naïve, en apparence, il me
semble qu'il y a quelque chose de plus profond qui est révélé
sur la nature double et ambidextre de Hook. Son rapport à
l'enfance est moins évident qu'il n'y paraît. Qui
est Hook ? Le père de Peter Pan ? Barrie lui-même
? Une autre version de Peter Pan ? Gardons encore ce secret un
moment. Mais il me semble raisonnable de penser que Hook était
pour Barrie aussi important, sinon bien davntage, que Peter Pan.
Et pour cause... Hook est une mère, bien entendu... Du
moins une part de lui-même...]
Citations de James Matthew Barrie, bien après la pièce
et le roman.
****
Madame Darling, à Peter Pan, lorsqu'il
refuse d'être adopté :
- Mais, Peter, ne feras-tu
jamais rien d'utile ?
Et Peter de répondre :
-Veux pas être utile ! Mais je serai de bonne compagnie
pour les enfants morts. Avec ma gaieté, je viendrai chanter
quand le glas sonnera ; ainsi ils n'auront pas peur. Je danserai
auprès de leurs petites tombes. Ils m'applaudiront et crieront
: "Encore ! Encore!", car ils savent que c'est drôle
et parce que l'amusement est tout ce qu'ils aiment.
Ma question est la suivante : ceux d'entre nous qui entendent
de temps en temps la flûte de Peter Pan, ceux qui comprennent
au-delà du raisonnable les douloureuses pensées
de Barrie dans ces lignes citées, portent-ils encore en
eux cet enfant mort que la plupart enterrent dans le souvenir
égaré de leur enfance ?
Les enfants perdus meurent parfois, comme nous
l'explique une scène du Petit oiseau blanc. Peter
Pan les enterre. Cette idée d'enfants perdus subsistera
dans la pièce et le roman. Mais très vite Barrie
oubliera l'idée selon laquelle une mère de substitution
pouvait remplacer l'oublieuse mère. Une scène coupée
de la pièce Peter Pan voyait une assemblée
de "Beautiful Mothers", auditionnées par Wendy,
afin d'adopter les Garçons Perdus :
[Photo transmise par Andrew
Birkin.]
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Traduction C.-A. F.
Cf. ces deux autres pages :
La
vie secrète de Hook
Les
Notes de J. M. Barrie
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